•  

     

    Dernière leçon

     

    Je me souviens, la colle, qui sentait bon l'orgeat,

    Les cahiers à carreaux de nos dictées d'antan,

    Les comptines endiablées de nos délires d'enfants,

    Le vieux parquet grinçant et vos fameux cents pas ;

     

    Et ce grand tableau noir que vous aimiez remplir

    De votre main habile, de pleins et de déliés,

    Du vieux papier buvard, la plume et l'encrier,

    Vos leçons de sagesse, qui nous faisait pâlir.

     

    J'ai désormais rangé quelque part dans mon coeur,

    Le bruit, l'odeur, l'image de ces années passées ;

    De mes rires écoliers aux éternels regrets,

     

    De n'avoir eu les mots pour vous dire merci,

    Je vous regarde, ému, étendu sur le lit,

    Qui a connu le souffle de votre dernière heure.

     

     

    (c) Un jour peut être...

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    La dernière danse!



    Nouvelle danse sous l’emprise du désespoir

    Je n’ose plus regarder le reflet dans le miroir

    Quand la grisaille envahie mon âme entière

    Et que je me sens à nouveau prisonnière

     

    Mes silences en disent long sur mon état d’esprit

    Je cache mes sanglots sous des sourires sans vie

    Dernière ligne droite avant de perdre celui que j’aime

    Dernière souffrance cependant avant un autre énième

     

    Je voudrais lui crier qu’il se trompe, je le sais

    Mais mon respect pour lui m’empêche de le faire

    Je me sens anéantie, mon cœur saigne et se tait

    Il est l’heure de faire sa valise, plier les affaires

     

    Et puis plus rien n’a d’importance à cet instant

    Je pense à nous, aux souvenirs qui me hantent

    A ceux qui vont me suivrent encore longtemps

    Au cruel blues que ma voix intérieur chante

     

    Des larmes de Crystal déchirent ce corps meurtri

    Avec elles s’évaporent les croyances et les espoirs

    Il est temps de retourner se cacher dans le noir

    Oublier son Amour sincère, renier jusqu’à sa patrie

     

    Les mots n’ont plus de couleurs dans mes yeux embrumés

    Laissant place ainsi aux sombres nuages de la tristesse

    Et si mes cris seront à jamais en moi étouffés

    Ils n’en seront pas moins, pour l’éternité, ma faiblesse

     

    Je laisse dernière moi, un morceau de bonheur

    Ce terme n’est pas fait pour rester dans mon cœur

    Je retourne me percher en haut de ma Tour de Babel

    Cultiver l’abandon et les fleurs de chagrin si Belles

     

     

    (c) Larme_de_crystal

    Pin It

    1 commentaire
  • M 'aimeras-tu toujours ?

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

     

    Quand emmurée dans ce linceul nommé angoisse.

    Lorsque je souffrirai tellement, à en vomir;

    Et que je n’oserai sortir craignant le trépas

    Alors ma pauvre poitrine d’appréhension sera serrée.

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

     

    Quand mes paroles s’enchevêtreront dans ma tête,

    Auras-tu honte? Voudras-tu encore me sortir avec toi ?

    Lorsque mes attitudes affecteront ta vie familiale et publique

    Et de mes lèvres discourir sera une langue inconnue.

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

     

    Quand le jeu de la vie s’inversera : toi ma mère et moi ta fille

    Celle qui ne grandira plus ; ne s’émerveillera plus

    Je te plongerai dans ma plus profonde intimité

    S’habiller sera pour moi un monde inexploré

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

    Quand s’alimenter ne voudra plus rien dire pour moi

    Quand toutes paroles ne dépasseront pas le voile de la grisaille

    Quand ma vie ne sera que passer

    Et que le moment présent sera effacé

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

     

    Quand l'obscurité fera place à la lucidité dans mon esprit

    C'est à ce moment précis que je supplierai Dieu de reprendre ma vie

    Étant une corvée pour ceux que j’aime, moi qui étais un individu

    Aujourd’hui je ne suis qu’une âme prisonnière dans un corps

     

    Sang de mon sang, m’aimeras-tu toujours ?

    Quand la maladie aura anéanti mon corps et mon esprit

    Quand, ta présence, ton odeur ne feront plus battre mon cœur

    Quand l’étincelle de la vie sera glacée dans mes os, sonnera le glas.

    Seras-tu enfin délivrée de moi, mon enfant ?

     

    M’aimeras-tu toujours, sang de mon sang.

     

     

    (c)Nacrey1

    Pin It

    votre commentaire
  • Demain dès l'aube!

     

    Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

     

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

     

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

     

     

    Victor Hugo,

    Pour Sa Fille...

    Pin It

    votre commentaire

  • A ….Viviane

     

    Ton corps souple et ardent

    Est un buché indien.

    Qui consume insolent

    Mon rêve épicurien.

    Tu es bien plus que belle.

    Tu es une obsession.

    Lampe qui étincelle

    Et ranime la passion.

     

    Tu mets du rose aux joues

    Aux fleurs et aux nuages

    Rebelle, aux instants fous,

    Tout en restant très sage.

     

    Cerbère du tourbillon

    De nos ardeurs volcans,

    Tu créerais des typhons

    Au cœur des océans,

    Pour que nul ne dérange

    Les extases de nos heures.

    Que, sous aile de l’ange,

    Vivions mille bonheurs.

     

    Pour ton amour flambant

    Comme un bucher indien Brûlant et enivrant

    Je serai … Loup … ou … Chien.

     

    Genneteau-Hymalet

    Pin It

    2 commentaires
  •  

    La viole de Gambe!

     

    Quand sa bouche se tait, que le silence autour

    Fait comme une vapeur, elle à d’autres atours

    Pour convoyer vos mains le long de ses deux flancs

    Où caresser le grain de ses charmes dormants :

     

    Sa peau pleine d’odeurs, légères et épicées

    Emplissant lentement comme une floraison

    La pièce l’accueillant de ses exhalaisons,

    Rayonnant sa chaleur comme un soleil d’été

     

    La ligne qui se courbe, en ses flancs retranchée,

    Dansante fantaisie qu’on voit du coin de l’œil

    Puis soudain papillonne et attire à son seuil

    Votre attention soumise, un instant relâchée,

     

    Ou bien son long regard d’un silence éloquent,

    Comme une solitude effrayée par l’oubli

    Joins ses mains sur son cœur et vivant à demi

    Sollicite un sursis de ses yeux implorants.

     

    Et quand, vaincu, je serre entre mes bras ce corps

    Le silence se brise ainsi que le cristal

    En milliers de fragments teintés d’or et d’opale

    Dans une mélodie tout d’arpèges et d’accords.

     

    Mon cœur lui est ouvert : quand je pleure, elle pleure

    Quand je ris elle aussi ; quelle que soit mon humeur

    C’est une amie fidèle, discrète et bienveillante

    Qui tour à tour apaise, adoucit ou enchante.

     

    Elle a pour m’apaiser de lentes réflexions

    Comme un reflux de mer ou l’eau d’une cascade,

    Une légèreté dans ses longues glissades

    Qui calme mon esprit lorsqu’il est en fusion.

     

    Elle a pour m’adoucir des notes sirupeuses,

    Des clins d’œil malicieux comme des chatouillis

    Qui gazouillent et qui font de petits sauts. Ainsi

    Mes humeurs les plus noires deviennent doucereuses.

     

    Enfin pour m’enchanter son corps tout entier vibre

    Laissant d’elle échapper des symphonies curieuses

    Des rondes victoriennes et des danses fiévreuses

    Peuplées d’élan superbes au frais déséquilibre.

     

    C’est comme si j’avais entre mes doigts mon âme

    Et que sous mes caresses elle osait vous parler

    De ses joies, ses douleurs, ses doutes et tous ces drames

    Qui peuplent notre cœur sans pouvoir s’exprimer.

     

     

    (c) neferet

    Pin It

    votre commentaire
  • Pâle Etoile du soir, messagère lointaine,

    Dont le front sort brillant des voiles du couchant,

    De ton palais d'azur, au sein du firmament,

    Que regardes-tu dans la plaine ?

    Que cherches-tu sur la terre endormie ?

    Mais déjà sur les Monts, je te vois t'abaisser ;

    Tu fuis en souriant, mélancolique amie

    Etoile qui descend sur la verte colline,

    Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

    Triste larme d'argent du manteau de la nuit

    Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,

    Tandis que pas à pas son long troupeau le suit.

    Etoile où t'en vas-tu dans cette nuit immense ?

    Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

    Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence

    Tomber comme un perle, au sein profond des eaux ?

    Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ma tête

    Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,

    Avant de nous quitter, un seul instant arrête :

    Etoile de l'amour, ne descends pas des cieux !

     

     

    Alfred de MUSSET (1810-1857)

    (Recueil : le saule - fragment)

    Pin It

    votre commentaire
  •  

    Dans les jardins mouillés, parmi les vertes branches,

    Scintille la splendeur des belles roses blanches.

    La chenille striée et les noirs moucherons

    Insultent vainement la neige de leurs fronts :

    Car, lorsque vient la nuit traînant de larges voiles,

    Que s'allument au ciel les premières étoiles,

    Dans les berceaux fleuris, les larmes des lutins

    Lavent toute souillure, et l'éclat des matins

    Fait miroiter encor parmi les vertes branches

    Le peplum virginal des belles roses blanches.

     

    Ainsi, ma belle, bien qu'entre tes bras mutins

    Je sente s'éveiller des désirs clandestins,

    Bien que vienne parfois la sorcière hystérie

    Me verser les poisons de sa bouche flétrie,

    Quand j'ai lavé mes sens en tes yeux obsesseurs,

    J'aime mieux de tes yeux les mystiques douceurs

    Que l'irritant contour de tes fringantes hanches,

    Et mon amour, absous de ses désirs pervers,

    En moi s'épanouit comme les roses blanches

    Qui s'ouvrent au matin parmi les arbres verts.

     

    Jean MORÉAS

    Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique